LES ORIGINES

Le Taekwondo est de loin l’art martial le plus connu du Pays du Matin Calme, aussi nommé Pays de l’ Hermite. Il a été fortement influencé tant par l’histoire et la culture issue des steppes mongoles que par l’histoire et la culture chinoise. La Corée fut le creuset où se mélangèrent ces deux influences primordiales qui, intégrées et assimilées, influencèrent à leur tour le Japon. La Corée possède donc une histoire beaucoup plus ancienne que celle du Japon puisqu’on l’estime à plus de quatre mille années.

L’origine mythique des arts martiaux serait le temple de Shaolin où un moine bouddhiste Bodhidarma, venant d’Inde, au Vème siècle aurait mis au point des techniques martiales. Ces techniques auraient été développées pour que les moines puissent survivre en cas de conflits armés et être en meilleure santé pour poursuivre leurs méditations. Dès le départ, les arts martiaux ont ce double aspect : l’autodéfense et la santé, selon l’adage « se défendre en tant de guerre et vivre plus vieux en temps de paix ».

Cette civilisation coréenne fut donc florissante et influença fortement le Japon pendant plusieurs siècles. On retrouve ainsi en Corée la plus ancienne imprimerie, datée de plus de deux siècles avant Gutenberg ainsi que le plus ancien observatoire astronomique d’Asie. Mais, la proximité et la concurrence de ces deux puissants voisins n’était pas sans poser de problème et l’histoire coréenne est émaillée de diverses batailles et invasions.

La Corée a été sous domination tour à tour des dynasties chinoises et sous influence japonaise. Les arts martiaux coréens ont été profondément modifiés par ces influences. Par ailleurs, les techniques propres à la Corée comme les coups de pieds du Taekyon ont influencé les Wushu chinois (beaucoup de styles chinois du Nord utilisent des coups de pieds hauts, à l’inverse au Sud de la Chine, on travaille rarement au dessus de la ceinture les coups de pieds) et les Budo japonais.

Le Japon veut affirmer sa suprématie en Asie depuis la fin du XIXème siècle, le début de l’ère Meiji en 1868 a amorcé l’expansion japonaise et la lutte contre ses deux rivaux (la Russie et la Chine qui ont également des prétentions sur la péninsule de Corée).

La dynastie YI doit abandonner son autonomie et reconnaître l’annexion en 1910. L’occupation de la Corée va durer jusqu’à la libération par les armées américaines en 1945. La colonisation japonaise va se marquer par une violente répression contre les résistants coréens. Les japonais vont également multiplier les humiliations envers le pays et ses habitants, obligation pour les coréens de parler en japonais dans les lieux publics, à adopter des patronymes japonais. Tous les grands symboles de la nation coréenne furent endommagés voire détruits.

Les activités liées à la nation et aux traditions coréennes furent abolies, les arts martiaux n’échappèrent pas à la règle, le Taekyon fut interdit et sa pratique disparut quasiment. Le Karaté fut introduit dans la péninsule (Tang Soo Do, Voie de la main de Chine, en référence à la dynastie chinoise Tang) par l’armée d’occupation du Japon. Les jeunes coréens ayant vécu sous l’occupation japonaise et de la guerre comme Choi Hong Hi (ce dernier qui a introduit à la libération de la Corée le Taekwondo dans l’armée coréenne, a été formé au Shotokan à Tokyo sous la direction de Funakoshi).

La plupart des maîtres de l’après guerre ont été formés aux arts martiaux japonais (Judo, Karaté et Kendo). Après la guerre, ils ont souhaité promouvoir les anciennes formes de combat coréens, mais l’influence nippone va laisser une empreinte.

La Corée devenue libre après 1945 souhaite revaloriser sa culture, occultée par l’occupation japonaise. Les arts martiaux refleurissent, diverses écoles réapparaissent sous de nombreux noms,styles ou écoles (Kwans).

Kuk Kiwon (près de Séoul), Siège de la Fédération Mondiale du Taekwondo

Chaque école portant une attention particulière à telle ou telle technique (Coups de pieds fouettés ou lourds, techniques de bras, Poomses… ). Mais peu à peu se fonde la certitude pour tous les maîtres, quelque soit leurs styles, que pour populariser ces arts, l’unification doit se faire autour d’une seule et unique discipline. Il ne restait alors plus qu’à trouver un nom.

Par référence au Taekyon, le mot Taekwondo ou La Voie du poing et du pied sera adopté par l’ensemble des maîtres et des experts pour qualifier l’ensemble des styles de combat coréen dans les années 50. Suite à une démonstration devant le président Syngman RHEE, en pleine guerre de Corée, le Taekwondo est rendu obligatoire dans l’armée coréenne. C’est la 1ere décision qui va donner au Taekwondo son élan mondial.

Le Taekwondo, tel que nous le connaissons, est donc un art martial récent (une cinquantaine d’années) mais il constitue la synthèse de plusieurs arts martiaux dont certains sont millénaires en Corée (sous les dynasties Baekjae, Silla et surtout Koguryo).